Au commencement… un village sorti des sables et une chapelle à l’aspect dépouillé des missions d’Afrique ou d’Asie en parfaite harmonie avec la ville balnéaire pionnière. Désormais… un édifice contemporain, en totale adéquation avec la ville océane, labellisée “patrimoine architectural remarquable”
A la fin des années 1950, la vénérable chapelle de Lacanau-Océan, née en 1907 de la volonté de Mme Faugère, était devenue bien trop exigüe pour répondre aux exigences d’une population sans cesse plus nombreuse. Les Canaulais souhaitaient un lieu de culte modulable répondant à la fois aux besoins des résidents permanents et à ceux d’une plus vaste assistance de fidèles en saison estivale. Le budget réduit imposait en outre une construction économique. Les architectes de l’agence AGORA, MM. Maxwell, Moreau et Duclos relevèrent le défi, prenant le parti d’une architecture industrielle, aux effets minimalistes et rendue fonctionnelle par une organisation épurée et modulable.
Cette église-halle – solution qui ne doit pas étonner puisque cette formule fut en faveur au Moyen Âge et est, en quelque sorte, à l’origine même des premières basiliques chrétiennes – identifiable depuis l’extérieur par sa haute croix métallique, autorise une maîtrise des volumes; ses 41 x 24 m accueillent un sanctuaire permanent dans l’église d’hiver d’une capacité de 100 places, qui par agrandissement forme une église d’été proposant 580 places assises et 280 m2 de surface libre debout.
L’esprit minimaliste y est affirmé, le dépouillement et la modestie affichés, dans une association de matériaux bruts : parois en briques apparentes, béton, charpente métallique, contreventements assurés par des filons d’acier, couverture constituée de bacs en acier, menuiserie extérieure en aluminium, vitrages industriels, bois du mobilier.
Cette rigueur toute évangélique est simplement rehaussée de quelques éléments de céramique et essentiellement par les œuvres nourries de l’inspiration océane du lieu, offertes au Canaulais par M. et Mme Claude Motte et que l’artiste Raymond Mirande réalisa en 1991 : depuis lors, le chevet accueille un émail champlevé dédié à la Vierge Marie et son fils adolescent, un triptyque en vitrail représentant l’Arche de Noé et, en pendant, un vaste polyptyque également composé en vitrail, celui-ci dédié au Nouveau Testament. Bâtie pour répondre aux aspirations des Canaulais il y a presque 60 ans, entre 1964 et 1967, Notre-Dame des Flots peut s’enorgueillir aujourd’hui de la labellisation « Patrimoine du XX° siècle » qui lui fut attribuée par l’État en 2015 et « Architecture Contemporaine Remarquable » en 2023. Cette réalisation atypique répond de manière exemplaire aux besoins spécifiques des migrations de loisirs et détient en son sein l’histoire même de la ville océane.
Puissions-nous encore longtemps célébrer ce patrimoine essentiel du paysage canaulais.
Apprenant qu’un projet de rétrocession menaçait Notre-Dame des flots, nous avons lancé une alerte début juin sur son devenir incertain. L’absence de réponse sur son devenir nous a conduit à lancer une pétition pour que ce projet en l’état soit retiré définitivement et que cet édifice atypique soit maintenu dans sa fonction et en ce lieu. Car il est primordial de protéger et sauvegarder notre patrimoine architectural et urbain afin de préserver notre futur.